Le manteau des aurores boréales – Makyr

Prototype instable de conte de Noël sans une seule once de Noël dedans

à lire à vos risques et périls

Oyez oyez baves gens
Cessez donc vos querelles
Le temps d’une bagatelle
Je suis sur le point de vous conter un récit

Qui ne vous rendra point plus intelligent

C’était dans les contrées
de la déjà jadis Friggelande
qui n’était qu’un bloc de neige surclassé
où étaient envoyés ceux ne sachant pas faire une amende

Dans le château royal délabré
Festoyaient les fortunés décadents

Qui ignoraient que la fin de leur règne fut bien longtemps déclarée et effectuée
Bien que les trous dans les murailles laissassent entrer la neige

Et que les courants d’air étaient forts violents

C’était là une espèce humaine bien triste, qui ne méritait pas la pitié

Leur déni résultait de leur ignorance
De la définition véritable de bonheur, vanité ou souffrance
Ils disaient « Pour être pleinement heureux, ne vous souciez point des autres, et à plein temps gaspillez
Car vous avez besoin de personne et de rien »

Ces humains dépravés adoraient ressortir cette maxime

Quand venait les voir leur trésorier pour parler finances

Et sous ses yeux impassibles, ce dernier voyait les résultats d’une vie menant à rien

Et faite de buts simplissimes

La salle du trône eu la moitié emportée par un boulet
Et personne depuis ne s’est pris la peine de la réparer

Si bien que la neige recouvrait la moitié du sol, formant un grand tas
Auprès du trône du roi, sauvé par sa sœur du trépas
Et la glace se mêlait au nectar déjà bien dilué

Les soufflés à la tâche s’étaient dégonflés
Et des marathons dans le nougat, les vers parcouraient
Le trésorier à ce spectacle était désormais insensible

Se concentrant sur sa tâche tangible
Les nobles étaient las de voir cet être sérieux s’atteler à l’œuvre
Ne jamais succomber tels eux à la débauche
À restreindre leurs dépenses dans ses maniaques manœuvres

Alors ils eurent une vilaine idée

de lui jouer d’un mauvais tour, qui n’avait rien d’une ébauche

Les nobles, rois et fêtards roulèrent les corps gras jusqu’aux archives
Ils déambulèrent tels des fromages dans ces étagères massives
Et commençaient à lire les plus anciennes missives

« Cher confrère trésorier aux vertus bien extensives

Mes cousinoides et moi nous rappelâmes d’une irrégularité bien tragique
Un ancien employé de la maison royale a oublié de nous rendre un objet magique
Un manteau sombre de mille couleurs qui hélas réside bien loin dans votre juridiction
De l’autre côté de notre belle région

Envoyez donc un intendant à la poursuite de cet objet magnifique
Et choisissez bien car le périple risque d’être épique ! »

« Nous n’avons plus de commis acérés
Vous les avez tous congédiés
Pour réparer la fontaine de chocolat glacée »

« Alors vous seul pouvez y prêter »

Le trésorier seul dût s’y mettre, équipé de son costume gris métallique rouillé
De ses chaussures d’imitation italienne
De sa cravate en mouchoir brodé
Et de ses livres de comptes avec l’adresse de l’intéressé, le top pour garder son attitude citoyenne

Pour retrouver le détenteur du manteau
Le réservé magicien Monarcane, excellant dans de biens sombres arts
Le trésorier au cœur impassible tel un tombeau
Traversa et ignora les beautés de la cruelle et glaciale Friggelande par devoir

La neige brillante à faire brûler des yeux
Le coucher des rubis-soleils écarlates
Les manchots empereurs napoléoiens se délectant de gigantesques blattes
Et des loups arctiques jouant au saute-mouton sur des pieux

À mi-chemin, des montagnes de glace-verre se mirent à refléter dans le ciel
Donnant lieu à des horizons infiniment déformés
Les nuits étaient dures, avec les vers lunaires éperonnés
Qui se faisaient la cour dans une danse sensuelle

En dépit de tout, le trésorier arriva
Au milieu de la neige pure, une tâche d’obscurité
Jadis d’autres, la vue des ombres grouillantes plus d’un ravisa
Sauf que lui était trop détaché pour s’en soucier

Et s’en fonça dans les chaudes illusions

Combien de temps sa passa, il ne le sait pas
Mais à l’opposé une voix dans son oreille se glissa

« Bonjour scribouillard

Pas d’erreur sur la personne, point de confusion ?

Alors c’est gentil à toi d’être passé
De dire bonjour à un vieil serviteur auparavant acharné

Mais je doute que cette visitée soit désintéressée

ALORS DU BALAIS

Je suis occupé pour le moment
Je passe l’éternité à me décider
De quelle manière devrais-je bien ce monde tourmenter
Être atroce est parfois assommant

Mais dans la laideur il y a une unique beauté
Dont jamais je me lasse
Déchirer des mondes et joyaux du paradis ôter
Disséquer les âmes, envoyer des bons monarques à la casse

Je souhaite en tirer une vérité unique
Pourquoi pourquoi est-il si bon délectable de commettre le mal
Mettre à nu l’Univers par des actes atypiques
Tailler dans l’éther est si gratifiant, n’est-ce pas anormal ? »

Impassible employé, devant ce discours de haine
Le trésorier sa tâche poursuit, son costume en peine

« Ancien magicien de la cour, monarque de l’obscurité et autoproclamé dieu des arcanes
Je vous somme de rendre le manteau sombre aux mille couleurs, sire Monarcane »

« Le manteau ? Le manteau tissé avec les aurores boréales par mes soins ?
« Cette breloque d’apparence mondaine ? Navré pour tout à l’heure, votre afflux était pour moi trop soudain.
Tenez, je le rends, en souvenir des bonnes tortures de qualité
Accomplies avec les soins des rois mauvais de cette terre qu’était

Non cela ne me satisfait pas, et il reprit le manteau
Il manque quelque chose, un je-ne-sais-quoi
En le regardant il poursuivit, Êtes-vous vraiment arrivé dans cet état, gestionnaire parfait ? »

« Venez-en au fait »

« Je ne veux que de vous un service
à peine un innocent vice
Je veux que sur votre retour, ce manteau vous portiez »
« Je me dois refuser »

« Allez, je vous en supplie
Je ne vous demande point une ordalie
Aucunes souffrances, la marche sera à vous inoffensive ! »

L’intéressé prit une allure pensive
Se disant que rien ne lui arriverait
Et qu’il pourrait accomplir sa tâche à l’abri du froid non modéré

Le retour se fit sans trop d’encombre
Et une fois arrivé, il apprit qu’il réussit son devoir en moins d’une année
Il pensa qu’il aurait dû être rassuré, sa performance à l’abri de l’ombre

Mais ces patrons fumaient d’une colère fulminaient
Car ils espéraient de lui se débarrasser

Les masques sont tombés !
Ils ne savaient pas se retenir
Et la liste de leur dissatisfaction ils firent

 

Comment osaient-ils, après tout, leur loisir les dénier
Ils appelèrent au bourreau, sans se rappeler
Que ce dernier, un chef révolutionnaire avait-été
Mort seul dans les cachots par leurs soins

Mais le trésorier avait autre chose en tête
S’occuper de si grands enfants occupés à faire des éternelles fêtes
Avait été une tâche herculéenne

Ainsi il laissa parler ses poings

Et quand les poings lui firent mal, il passa au club de cricket
Ses méthodes violentes étaient sans l’ombre d’une étiquette
Repeignèrent les trous béants du château
Et réduisirent les dépenses du royaume décadent à zéro

Le trésorier était surpris par ses propre actions
D’où cela pouvait bien venir ?

Le responsable choisit ce moment pour surgir
« Mes plus tendres félicitations
Ce n’est pas tous les jours qu’on trouve sa véritable nature »

C’était Monarcane en personne, dans sa sombre posture
Chétif humanoïde avec des cornes poussant en forme de gui
Lui confia que sa vue lui donnait le langui

Le manteau restaura l’âme du trésorier et le libère de l’influence de cette maudite Friggelande
La motivation de l’intéressé était, de trouver une nouvelle méthode de faire le mal : en commettant le bien, quelle belle découverte et magnifique rigolade

Il était libre désormais
Avec un manteau de vérité et une perle de sagesse
«  Mens pas à toi-même s’il plait
C’est bien une marotte de bassesse. »