Le château d’Onderune – Makyr

C’était une balade ordinaire
Et je cherchais une ombre bien fraiche
Se présenta alors un coin aux vertus somnifères
La mousse épaisse, l’ombre dense, la rosée claire
Ce lit au pied de l’arbre avait tout pour plaire
M’allongeant sous le charme du coin, le sommeil m’ouvrit une brèche

Et j’y vis un château singulier aux tours allongées
Perçant le ciel nuageux sans penser à s’écrouler

Remis d’aplomb, je me décidais aventurier
Sans savoir dans quoi j’allais m’engager

La cour d’honneur était une jungle lacérante
À l’épreuve des machettes tranchantes

Je m’en suis extirpé que par chance
En courant devant et criant sans intelligence

Une fois arrivé, ce sont les marches interdites qui me jouèrent un tour
J’avançais pas à pas, bien sûr et régulier
Sans jamais atteindre les imposantes portes d’entrée
Trois par trois, de côté, sautant, la roue, tel un crabe, à quatre pattes ou perché
L’escalier ne me laissait point approcher
Ce n’est qu’en perdant mon rythme que j’atteignis l’intérieur de la cour

Et c’était un spectacle unique
Encore des escaliers, en hélice et une paire cette fois
Tournaient allégrement, desservant toutes les pièces qu’un visiteur en entrant aperçoit
Mais mon attention fut détournée par une plaque métallique
Portant le message suivant

« Cher voyageur amené tel un vent

Sache que d’ici il n’y a qu’une porte mais deux échappements

Explore donc les chambres

De ce vaste antre »

Chose que je fis
Chaque pièce était remplie d’une nouvelle épreuve
Chambre froide, antichambre, chambre d’hiver, chambre d’été et chambre de printemps et encore pis
Les jardins étaient pourvus de fleuves

La chambre froide était plus vaste que mon logis
dont les steaks se sont liguées pour frapper mon faciès joli

Par chances les caves n’étaient point hantées
Mais j’aurais préféré des fantômes à un labyrinthe dissimulé

A la fin du calvaire, j’ai fermé les yeux et trouvé la sortie
Une porte seule et pourtant deux échappatoires
Rêve ou réalité, déni ou responsabilité, choix obligatoire
J’ai franchi la porte en songeant aux deux en même temps

Je me suis retrouvé au pied de l’arbre, encore un peu endormi
Mais pas tout à fait le même pour autant

par | Poèmes